Mis à jour le 1er juillet 2025
Article du Figaro — 31 mai 2025

« Les mauvais vents des éoliennes »
Éditorial par Laurence de Charette

À travers la France, les affairistes de l’éolienne convoitent aujourd’hui des implantations de plus en plus extravagantes.

Éditorial du Figaro du 31 mai 2025
Laurence de Charette. Le Figaro

L’écologie se débarrassera-t-elle bientôt de ses obsessions punitives ? Cette semaine, les députés ont mis un coup d’arrêt salutaire aux ZFE (zones à faibles émissions, qui restreignent la circulation des véhicules les plus anciens), un de ces acronymes qui écorchent la langue autant que le bon sens. Personne, évidemment, n’est favorable à la pollution, mais la pureté de l’air peut-elle vraiment s’exempter de justice sociale ? Les bonnes intentions font rarement de bonnes politiques : si simple soit-il, cet adage mériterait, assurément, d’être un peu plus médité.

À travers la France, les affairistes de l’éolienne convoitent aujourd’hui des implantations de plus en plus extravagantes. Coloniser les campagnes et les façades maritimes ne leur suffit pas : saccager les paysages de Proust près de Combray, défigurer les plages du Débarquement ou encercler le château de Lamartine de mâts métalliques géants ne les effraye plus.

— Le « climat » réclame-t-il vraiment tant d’absurdité ?

Emmanuel Macron n’a-t-il pas pourtant lui-même relevé la baisse d’«  acceptabilité », dans le cœur des Français, de ces mastodontes dont les pales monumentales glacent le regard et défigurent les perspectives ? La guerre en Ukraine, le cavalier seul de l’Amérique, le changement de pied de l’Allemagne sur le nucléaire et, tout récemment encore, le black-out en Espagne n’ont-ils pas suffisamment souligné les enjeux de l’indépendance énergétique ?

Qu’importe ! La «  transition » semble, aux yeux de certains idéologues, sans cesse revendiquer de nouvelles victimes expiatoires. Le «  climat » réclame-t-il vraiment tant d’absurdité ? Il y a fort à parier que non. Transformer les terroirs en champs de pylônes et les villages en repoussoirs, saboter les hauts lieux de notre histoire ne fera pas de nous de bons amis de la planète, mais de bien piètres Terriens, hôtes ingrats de tant de magnificence. Il faut espérer qu’après les «  gueux », les amoureux des paysages, gardiens de nos contrées qui se mobilisent aujourd’hui, sauront rappeler quelques bonnes âmes à la raison. Car «  sauver la planète » commence, à n’en pas douter, par chérir ses beautés.

→ Source : www.lefigaro.fr/vox/societe/l-editorial-de-laurence-de-charette-les-mauvais-vents-des-eoliennes-20250530